Les ados passent bien souvent un temps fou sur leurs smartphones. Mais que font-ils vraiment? Pourquoi ce besoin d'être rivé à un écran? Faut-il s'en inquiéter? Eléments de réponses avec Boris Manenti, co-auteur de Portables: la face cachée des ados.
Voir et être vu, communiquer et s'informer, partager et regarder: protéiforme, le téléphone portable est un élément central de la vie de nombreux adolescents. Leur rapport aux écrans a-t-il changé avec les réseaux sociaux? Le téléphone est-il devenu le journal intime des ados? Quelle place faut-il lui laisser à l'heure de l'hyper-connexion? Boris Manenti, co-auteur de Portables: la face cachée des ados (éd. Flammarion enquête) sorti le 25 janvier 2017, nous éclaire.
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Voir et être vu, communiquer et s'informer, partager et regarder: protéiforme, le téléphone portable est un élément central de la vie de nombreux adolescents. Leur rapport aux écrans a-t-il changé avec les réseaux sociaux? Le téléphone est-il devenu le journal intime des ados? Quelle place faut-il lui laisser à l'heure de l'hyper-connexion? Boris Manenti, co-auteur de Portables: la face cachée des ados (éd. Flammarion enquête) sorti le 25 janvier 2017, nous éclaire.
"Raccroche", "Tu es tout le temps dessus", font partie des remarques que les parents font à longueur de journée à leurs ados. Ces tensions sont en réalité toujours révélatrices d'autre chose. Le smartphone cristallise des problématiques plus profondes entre parent et enfant, comme un manque de communication ou des non-dits.
Les parents disent souvent à leur enfant "arrête de passer toute la journée sur ton portable" alors que ce sont eux qui l'ont mis entre leurs mains. C'est une injonction paradoxale. Le rapport que l'ado entretient au monde extérieur a évolué avec ces nouvelles données. Grâce aux smartphones, nous sommes constamment à la fois dedans et dehors. Le fait d'être consigné dans sa chambre n'a donc par exemple plus le même poids. Les punitions ne touchent plus les adolescents de la même façon.
La période de l'adolescence a bien sûr été transformée par l'apparition de ce couteau suisse numérique. En même temps, c'est dans la nature de l'adolescent que d'être renfermé. A cet âge, on vit une période de construction, on se reconnaît plus dans ses pairs que dans ses parents. Le smartphone ne crée pas du conflit entre parent et enfant, il le cristallise.
Cet univers reste pourtant nébuleux pour de nombreux adultes qui se demandent par exemple ce que font leurs ados sur Snapchat...
Snapchat est un réseau social à part. La mécanique d'utilisateur ne suit pas la même logique que celle de Facebook par exemple. Sur Snapchat, on doit attendre la validation de la personne à laquelle on souhaite parler pour pouvoir communiquer avec elle. C'est donc forcément plus intime. Enfin, l'application s'ouvre sur l'appareil photo. Cela incite à partager des images.
Cette production de photos témoigne d'une volonté de personnalisation. On peut les annoter, y ajouter des dessins et les compiler dans des stories, qui regroupent plusieurs vidéos. Cela forme une sorte de journal intime où les ados se racontent, se découvrent et se voient eux-mêmes grandir.
Le fait de faire des selfies, d'être sur Instagram ne serait donc pas si narcissique que ça?
Il serait réducteur de considérer les ados comme des êtres uniquement narcissiques. La photo a un rôle central dans le regard que l'on porte sur soi. Prendre un selfie, c'est un peu comme se prendre en photo devant un monument, c'est s'ancrer dans une situation pour amorcer la communication, dire que l'on est là, avec telle ou telle personne. On observe aussi que la photo est souvent personnalisée: on ajoute un emoji, du texte. C'est un retour en force de l'écrit.
L'appel téléphonique serait-il devenu ringard?
Les ados ne répondent que rarement au téléphone, n'écoutent presque plus les messages vocaux. En cause notamment, le développement des messageries gratuites comme Facebook Messenger ou WhatsApp. La communication orale engage. L'écrit met de la distance tout en permettant de se dévoiler plus facilement. On le constate notamment dans la drague entre ados, où les textos et les emojis viennent à la rescousse pour dévoiler ses sentiments.
On imagine souvent que les ados ne mesurent pas l'impact de ce qu'ils partagent, qu'ils n'ont pas la maîtrise de l'outil. Vous vous posez en faux contre ce constat. Pourquoi?
Les ados sont très au fait de ces choses-là, souvent même plus que les adultes! Ils maîtrisent complètement les réseaux sociaux. Malgré tout, il en va du rôle des parents de les sensibiliser sur la question du respect de la vie privée, de leur dire de ne pas envoyer de photos intimes sur les réseaux sociaux. Mieux vaut d'ailleurs le faire dès le plus jeune âge.
Il ne faut pas croire que les ados sont naïfs: des élèves de 1ère et de terminale nous ont par exemple expliqué qu'ils allaient faire un tri sur Facebook avant la fin de l'année pour rendre leur profil plus "propre" afin de pouvoir postuler dans des écoles ou à des jobs d'été. Ils ont parfaitement intégré l'idée que les recruteurs allaient sur Google pour se faire une idée de la réputation en ligne d'un candidat.
Est-ce une bonne chose de contrôler le contenu du portable de son enfant?
On ne prône évidemment pas l'intrusion. De nombreux parents expliquent qu'ils regardent les messages Facebook de leur enfant. Cela explique d'ailleurs peut-être le succès de Snapchat, plus confidentiel. Il est important d'apprendre à discuter avec son enfant, en se montrant très ouvert pour lui permettre de se livrer en toute confiance.
En revanche, il est tout aussi essentiel de fixer des règles, comme de ne pas garder son portable dans sa chambre quand on dort. Cela peut avoir un effet néfaste sur le sommeil, notamment à cause de la lumière bleue. On peut aussi mettre en place un contrôle parental pour limiter le temps passé sur le smartphone, en fonction de l'âge: on n'instaure pas la confiance de la même manière entre un ado de 12 ans et un élève de terminale.
Plus le portable engendre du conflit, plus il est important d'en faire un sujet central. En réalité, les ados adorent en parler aux adultes, montrer comment marche telle ou telle application. Cela peut être très ludique, voire facteur de rapprochement.
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